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Biographie


Écrivain de kiosque…

bernard dato aka ddato life style

Au dos des couvertures de mes livres publiés chez Via Domitia éditions, c’est ce qu’on peut lire :  » Écrivain de kiosque, comme il aime à se définir lui-même (…) « . J’ai pourtant publié à ce jour dix livres en librairies (six comme contributeur, quatre comme auteur à part entière). Mais avant…
… Avant il y avait le kiosque.
Je me suis accroché, un beau jour (c’était un beau jour !), sur un réseau social, avec une  » docteur en philosophie  » à propos d’un dessinateur légendaire (qu’on peut aimer ou pas, mais légendaire, pionnier et novateur quand-même), Philippe Druillet pour (ne pas) le citer, et sous le dessin duquel elle avait commenté :  » Laid « . Après quelques échanges qui, je m’en suis rapidement aperçu, ne menaient à rien, j’ai conclu en lui faisant remarquer que docteur en philosophie ne signifiait pas  » docteur en vérité  » ; ce à quoi elle a rétorqué, après avoir jeté un œil léthal sur mon profil Facebook :  » En plus il se prend pour un écrivain « .
J’en (sou)ris encore.

Mais tout de même, sa remarque avait tourné et tourné dans ma tête. Je n’avais jusque-là écrit que dans quatre magazines de kiosques, et, après tout, on pouvait légitimement me nier la qualification d’écrivain que je revendiquais — même si, au sein de quatre de ces magazines, je livrais de courtes nouvelles et des essais de sémiologie (si, si ! le mot existe), et non des articles journalistiques.
Aujourd’hui je veux et je peux le dire : si j’osais (quelle audace !) me qualifier d’écrivain, c’est grâce au fondateur du MDM, revue mythique dans la niche microcosmique des bodybuilders (je parle des années 80), monsieur Demeillès — dont j’avais admiré, comme lecteur, les articles, les reportages et les dessins anatomiques qui tapissaient les murs des salles de musculation qui florissaient alors un peu partout en France. Monsieur Lucien Demeillès, donc, m’avait écrit une belle et touchante lettre manuscrite à l’arrêt de la revue. Je n’avais jamais communiqué avec lui avant cela. Je n’aurais pas osé. Il lisait chaque mois, y disait-il, ma rubrique de deux pages (quelle surprise pour moi !). Il y disait aussi (et surtout), entre autres remarques dont la bienveillance m’avait ému :  » Enfin, nous avions un écrivain à la rédaction ! « 
Voilà.

bernard dato aka ddato philosophe

Pour moi, écrivain n’est sûrement pas mieux que journaliste : je veux être clair ; il n’y a pas, entre les deux, une hiérarchie qualitative — on trouve, dans les deux fonctions, des talentueux et des besogneux, des génies et des médiocres. Il reste que je n’écrivais pas des  » articles  » mais des nouvelles et des essais, et, quelles que soient les qualités de mon travail, il s’agissait bien d’un travail d’écrivain. Mais voilà, c’est monsieur Lucien Demeillès qui me l’avait dit, et c’est (sincèrement !) en hommage à ce visionnaire si amicalement paternel, et qui disparut peu de temps après son magazine, que je décidai d’endosser et d’assumer le costume et la plume d’écrivain.
Après, après, il y a eu la librairie. Chez Leduc Éditions, chez Pippa, chez Phylactère, chez 17secondes, chez L’iroli, chez Via Domitia, chez Huginn et Muninn.
Écrivain, alors ; écrivain, donc ; mais écrivain, surtout, pour vous, Monsieur Demeillès.
Merci Lucien…

bernard dato aka ddato life style

Et pour mes lecteurs et lectrices qui prennent le temps (ou pas, peu importe), de me faire des retours qui toujours m’ont empli d’une joie simple.
Et profonde.
Mais le début ? Mais le commencement ? Il était où, au juste ? Où et quand ? Et pourquoi ?
La question du début, des origines, est,  » c’est un secret de tous connu « , une question sans fin.
J’ai fait tant de choses : éducateur sportif, bodybuilder, musicien, videur en discothèques et bars, conseiller en préparations physiques, diététiques et mentales de combattants sportifs, dessinateur, conférencier (j’en oublie, mais être exhaustif n’est pas le propos). L’écriture était là cependant, toujours : hors de portée parce que trop profonde, là où il n’y a ni lumière ni son ; épisodique parce que sur la crête de vagues déchaînées sous l’orage bas ; à portée de la pulpe des doigts, parce qu’affleurants à la surface de vaguelettes au vert transparent et tranquille.
Bien sûr, ma correspondance, en 1999, avec l’écrivaine Marie Darrieussecq (qui, je le dis dans un de mes livres, m’a sauvée d’une déprime qui m’éloignaient de mes aspirations et inspirations artistiques, Marie Darrieussecq qui m’encourageait à écrire), y est pour quelque chose.
Tout comme ma correspondance de trois ans avec le narratologue mondialement renommé, Raphaël Baroni.
Tout comme la (courte) reprise des études, à la Sorbonne : cours de dramaturgie auprès du  » Script Doctor  » John Truby.

bernard dato aka ddato back in time

Bien sûr, encore, avant Marie Darrieussecq, il y eut ce blog que le grand site culturel canadien « Voir.ca » m’avait confié, à la suite d’une critique d’un film postée en commentaire (j’y alternais trois-cent lecteurs quand j’y causais du Mark Dixon, Detective, d’Otto Preminger, et quatorze mille quand j’abordais le Avatar de James Cameron — on comprendra que la qualité intrinsèque de mes critiques n’était pas seule responsable de l’impact sur le lectorat !).
Bien entendu, enfin, la rédaction en fin d’année de 5ème, dans laquelle (le thème, pour terminer l’année, était libre), je racontais que la pointe de mon stylo poursuivait le sujet tout au long du texte, et qui, lorsque le stylo l’avait capturé, se terminait par la phrase du début :  » Le départ d’une course effrénée est donnée (…)  » (boucle sans fin !), rédaction qui m’avait value un  » A+  » et sa lecture par le prof devant tous mes camarades (et la rougeur de mes joues), cette rédaction d’une page, bien sûr, bien entendu, disait que l’écriture était là, déjà.
Et avant, peut-être ?
La question des origines est sans fin.
J’ai voulu vivre des tas de vies, avant ; j’ai quitté en courant, en fuyant, la fac de Philo où on apprenait à être professeur de l’Histoire des Idées (c’est apprendre à Être philosophe que je voulais !) ; et cette écriture s’est imposée tardivement comme un mur à la texture râpeuse et agréable à la fois, et que je ne pouvais plus contourner.
Il n’y a pas de début. Il n’y a pas d’origine. L’écriture est là. Elle a toujours été là. Il faut grimper. Il faut l’escalader.
Bonne lecture…
… Et merci.

— Bernard Dato